« Sur les pas des exilés » rend hommage aux écrivains et artistes ayant trouvé refuge à Sanary. Ces exilés ont fui la guerre et les persécutions. En septembre, une rencontre exceptionnelle a mis en lumière Romain Gary, écrivain d’origine lituanienne, dont l’œuvre éclaire encore aujourd’hui les enjeux européens.
Le parcours de mémoire de Sanary
Le Parcours de mémoire célèbre les artistes et intellectuels germanophones qui ont fui le régime nazi dans les années 1930. Cet itinéraire pédestre traverse le centre-ville et les quartiers alentours. Les visiteurs marchent sur les traces des exilés, principalement allemands et autrichiens, qui ont trouvé refuge dans cette ville méditerranéenne.
Le parcours propose une immersion dans cette mémoire vivante. Il rappelle l’importance de la liberté d’expression et de la solidarité face à l’oppression.
Un moment d’amitié franco-lituanienne
Le 27 septembre, le Jardin des Oliviers a accueilli une discussion intitulée :
« Romain Gary : un Lituanien en France, au Sud – une vision européenne ».
Animée par Jacques Gobert, consul honoraire de Lituanie pour la région Sud, la rencontre a souligné la modernité des analyses de Gary. Selon Jacques Gobert, ses personnages et ses textes, comme Éducation européenne ou Tulipe, évoquent une Europe soudée et fraternelle.
À cette occasion, un chêne symbole de mémoire et d’amitié a été planté. Une plaque commémorative a été apposée en présence de S.E.M. Arnoldas Pranckevicius, ambassadeur de Lituanie en France, et de Daniel Alsters, maire de Sanary.
Qui était Romain Gary ?
Né à Vilnius en 1914 sous le nom de Roman Kacew, il arrive adolescent en France avec sa mère. Pilote, résistant, diplomate, romancier et cinéaste, il rejoint les forces françaises libres après l’appel du 18 juin. Il participe à plus de 25 missions de guerre et devient Compagnon de la Libération.
Naturalisé français, il adopte le nom de plume Romain Gary. Il est le seul auteur à recevoir deux fois le prix Goncourt : en 1956 pour Les Racines du ciel et, sous le pseudonyme d’Émile Ajar, en 1975 pour La Vie devant soi. Humaniste et engagé, Gary laisse une œuvre riche de liberté, d’humour et de tendresse. Il s’éteint en 1980, ses cendres dispersées en Méditerranée, face à Menton.
Un parcours jalonné de plaques et de circuits
Le parcours compte 21 plaques commémoratives, équipées de QR codes en trois langues, situées près des lieux de vie des intellectuels. Deux circuits, de 3 et 8 km, proposent des balades de 1h15 à 3h, permettant une découverte complète de la mémoire des exilés.
Le saviez-vous ?
Parmi les figures marquantes, on compte Thomas Mann, prix Nobel de littérature, qui séjourna à la Villa Tranquille en 1933, ainsi que Ludwig Marcuse et sa femme Sascha. Ils qualifiaient Sanary de « capitale secrète de la littérature germanophone ». Ces intellectuels se retrouvaient dans les cafés du port, comme Le Nautique ou Le Café de Lyon, pour échanger sur l’exil, la politique et la culture.
Retrouvez l’article dédié dans le Mieux Vivre n°315 du mois d’ Octobre 2025.